Géopolitique du pétrole

Aujourd'hui, le pétrole est une matière première essentielle, vendue en quantités telles, que son commerce est organisé à l'échelle mondiale depuis 1928. En 2009, le seul commerce du pétrole représentait des échanges de l'ordre de 6 milliards de dollars par jour. L’Europe et les États-Unis importent chaque jour 1,5 million de tonnes de pétrole, soit 10 millions de barils chacun. Ainsi, le commerce du pétrole suscite des convoitises considérables.

Le poids de l'histoire

 

Pétrole et conflits ont constamment été liés depuis la Première Guerre Mondiale, mais avec la Seconde Guerre Mondiale, la géopolitique du pétrole prendra toute sa dimension actuelle. L’une des raisons fondamentales de l’attaque japonaise de Pearl Harbor est la stratégie de Tokyo d’empêcher un embargo américain sur ses approvisionnements. Quant à l’opération allemande dans le Caucase, le pétrole de cette région en était le premier objectif.

 

La décolonisation va également être caractérisée par les conflits liés au pétrole. Le conflit le plus radical sera la guerre du Biafra entre 1967 et 1970. En effet, derrière les raisons officielles de la tentative de sécession du Nigeria, censées être ethniques et religieuses, ce sont les richesses pétrolières de cette région qui constitueront les véritables raisons de la guerre.

Pendant la Guerre Froide, les enjeux pétroliers seront au cœur des tensions. À cet égard, le conflit le plus directement lié au pétrole est certainement la guerre civile angolaise. Moscou soutiendra le régime de Luanda, tandis que les États-Unis appuieront l'autre camp, la guérilla de Jonas Savimbi, deuxième producteur de pétrole du continent afriquain.
Quant aux conflits israélo-arabes, ils déboucheront en 1973 sur l’arme économique et le premier choc pétrolier.

 

 

Ces trente dernières années, les impérialismes régionaux ont eu le pétrole comme facteur causal dans un très grand nombre de conflits :

 

  • La Guerre entre l'Irak et l'Iran de 1980 à 1988 avec pour objectif le Chatt el Arab.

  • L'Invasion du Koweït par l’Irak en 1990.

  • Le conflit entre l'Equateur et le Pérou en 1997, sur la Cordillière d’El Condor, riche en pétrole.

  • Les tensions entre le Nigeria et le Cameroun sur la presqu’île pétrolière de Bakassi (contentieux réglé par la Cour Internationale de Justice) ;

  • L'occupation du Timor oriental jusqu’en 2003 par l’Indonésie (du fait, en particulier, de la fosse pétrolière d’Arafura).

 

Si l’histoire récente a ainsi placée le pétrole au centre des rivalités géopolitiques, la place actuelle du pétrole est un facteur devenu la clé de tensions géopolitique.

 

Le pétrole en Afrique provoque parfois des conflits.
Le pétrole en Afrique provoque parfois des conflits.

Pétrole et géopolitique des tensions contemporaines

Un soldat britannique devant des champs pétroliers irakiens en feu, en 2003
Un soldat britannique devant des champs pétroliers irakiens en feu, en 2003

 

Au Moyen Orient, l'Iran fait peser sur la région une incertitude du fait de sa politique de prolifération nucléaire qui est aujourd’hui analysée comme susceptible de dérégler la hausse le prix du pétrole en cas de frappe.

 

En Irak, l’insécurité qui caractérise le pays touche très largement les capacités de production et d’exportation pétrolières.
En Afrique du Nord, le conflit libyen est également liées au pétrole.

 

En Afrique, le Soudan est révélateur des stratégies pétrolières de la Chine et des États-Unis, dans les conflits en zones pétrolières. Pékin de son côté soutient le régime de Khartoum en contrepartie du monopole du forage et de l’exploitation du pétrole dans le Sud du Darfour. Ainsi s’explique le constant appui au Conseil de sécurité de l’ONU de la République Populaire de Chine en faveur du gouvernement El Béchir.

 

 

Quant aux États-Unis, ils ont largement contribué à l’indépendance du Sud Soudan, cette région du pays détenant 70 % du pétrole soudanais. Washington a mis en place une stratégie qui est désormais de construire un oléoduc à travers l’Ouganda et le Kenya pour évacuer la ressource par le port de Mombassa.

 

La politique de la Russie, deuxième exportateur mondial derrière l’Arabie Saoudite, est caractérisée par l’utilisation de l’arme du gaz et de l’arme du pétrole pour imposer une domination sur les pays de sa périphérie. En conclusion, un nouveau profil géopolitique du pétrole est en train de se dessiner.

 

En 1979, lors du deuxième choc pétrolier, des coupons de rationnement d'essence avaient été préparés par le département de l'Énergie des États-Unis; ils ne furent pas émis.
En 1979, lors du deuxième choc pétrolier, des coupons de rationnement d'essence avaient été préparés par le département de l'Énergie des États-Unis; ils ne furent pas émis.

 

En conclusion, une nouvelle géopolitique de la production du pétrole naît. Le pétrole apparaîtra dans les années qui viennent comme une source d'énergie mais aussi un objet géopolitique.